Les textes de ce dimanche viennent bousculer nos manières de voir le monde et d’agir avec les autres. Tout au long de ce Carême, nous sommes appelés à un véritable retournement, une conversion à l’essentiel, à ce qui compte le plus pour que nous soyons ensemble des femmes et des hommes heureux, vivant debout, porteurs d’une bonne nouvelle pleine de tendresse, de joie et de paix. Le défi est à la hauteur de celles et ceux qui mettent leur confiance en ce Père créateur, ce Fils libérateur et cet Esprit souffle de vie. Mais quel défi ! Nous n’y arriverons que si nous osons la fraternité joyeuse, l’amitié sociale, la solidarité juste…
Le prophète Isaïe affirmait déjà il y a plus de vingt-cinq siècles : « Voici que je fais une chose nouvelle : elle germe déjà, ne la voyez-vous pas ? » (Is 43,16-21). Il nous invite à arrêter de regarder en arrière, ce qui ne veut pas dire oublier notre histoire. Il nous appelle donc à oser demain en cherchant où germent des brins de vie nouvelle et heureuse. Il nous interpelle. Êtes-vous de celles et ceux qui ne voient que le verre à moitié vide ? Êtes-vous capables d’espérance au point de poser les jalons d’un avenir libéré de ce qui détruit la vie?
Pour l’apôtre Paul, « une seule chose compte : oubliant ce qui est en arrière, et lancé vers l’avant, je cours vers le but en vue du prix auquel Dieu nous appelle là-haut dans le Christ Jésus. » (Ph 3, 8-14). Quel est ce but dans nos vies ? Est-ce autre chose que de vivre heureux en toute simplicité ? Alors, avons-nous besoin de courir partout, de consommer à outrance, de ne pas respecter l’environnement, de ne pas nous préoccuper des exclus de nos systèmes sociaux et économiques? Nous allons tous répondre non. Mais, dans les faits, que faisons-nous ? Regardons simplement cette pandémie qui a mis à mal nos rencontres fraternelles. Avons-nous retrouvé le chemin de la rencontre heureuse avec les autres ?
Et que dire de l’appel à la miséricorde de l’évangéliste Jean : « Femme, où sont-ils donc ? Personne ne t’a condamnée ? » Elle répondit : « Personne, Seigneur. » (Jn 8, 1-11). J’attire l’attention aujourd’hui non pas sur l’attitude de Jésus avec cette femme condamnée à une mort certaine, mais sur celles des gens qui ont la pierre à la main, prêts à la lancer. Jésus ne leur lance qu’une petite question assassine : que ceux qui n’ont rien à se reprocher lui lancent la première pierre ! Wow ! Replacés au cœur de ce que nous sommes chacun, la condamnation est moins facile. Non pas que nous sommes appelés à accepter les injustices ou autres situations de destruction de la vie ! Mais, le retournement doit être complet. Au lieu de condamner et de détruire, ne serait-il pas plus vrai de prendre la main et d’aider l’autre à se relever, retrouvant le chemin de la vérité, de la justice, de la communion et de la paix ?
Voilà ! Notre marche vers le matin ensoleillé de Pâques devient de plus en plus exigeante. Nous rendrons-nous au bout ? Seul non, mais avec les autres et l’Autre, j’en ai la certitude.
Bonne semaine !
Jean-Marc St-Jacques c.s.v., responsable général