Le SPV soutient cette campagne de Nature Québec.
Madame, Monsieur,
Je remercie le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie du Québec d’avoir invité la population à lui communiquer ses points de vue sur les changements à apporter au cadre réglementaire du secteur de l’énergie. Voici les éléments qu’il me semble essentiel de prendre en compte.
Gouvernance
1. Nos choix énergétiques auront des impacts déterminants, positifs ou négatifs, sur le réchauffement climatique, l’effondrement de la biodiversité, l’épuisement des ressources et la justice sociale. Pour éviter des décisions à la pièce dont les conséquences n’auraient pas été suffisamment mesurées, le premier ministre François Legault doit tenir sa promesse de lancer un vrai débat de société sur l’avenir énergétique du Québec, de préférence sous la forme d’un « BAPE générique », et reporter d’ici là toute modification réglementaire.
2. Le Québec doit se donner une nouvelle politique énergétique :
• qui donnera la priorité absolue à la sortie complète des énergies fossiles, y compris du gaz dit « naturel »;
• qui garantira la sécurité énergétique de la population et assurera des conditions de vie décentes à toutes et tous;
• qui sera alignée avec nos cibles de protection et de restauration des écosystèmes naturels;
• au terme d’une transition juste qui placera les travailleuses et les travailleurs concerné-e-s au cœur des discussions.
3. L’attraction de nouvelles entreprises énergivores ne doit pas être une priorité et doit en fait être mise de côté jusqu’à ce que l’atteinte des objectifs qui précèdent soit assurée.
4. L’énergie doit être reconnue comme un service public. Il faut éviter qu’une part significative des infrastructures énergétiques, qui sont stratégiques, soit détenue par des intérêts privés et que les règles de fonctionnement des fournisseurs d’énergie soient fondées sur la recherche de profit.
5. La précarité énergétique ne doit plus être tolérée. Tout le monde a droit à la chaleur en hiver et à la fraîcheur en été, et ce, sans devoir faire de compromis sur d’autres besoins essentiels.
6. Les droits constitutionnels, internationaux et inhérents des nations autochtones doivent être respectés, notamment le droit au consentement préalable, libre et éclairé.
7. La Régie de l’énergie doit être un organisme totalement indépendant. Son mandat doit être valorisé et aligné sur nos cibles climatiques et de protection des écosystèmes naturels.
Équilibre offre-demande
8. Pour maintenir l’équilibre offre-demande d’énergie tout en cessant graduellement de brûler du pétrole et du gaz et sans fragiliser encore davantage les écosystèmes, il faut avant tout entreprendre un méga chantier de réduction à la source de la demande dans tous les secteurs : transport, bâtiments, industrie, etc.
9. Le harnachement de rivières vierges et l’énergie nucléaire sont à proscrire.
10. Le gaz naturel renouvelable (GNR) doit être développé avec une grande parcimonie et réservé aux usages non convertibles à l’électricité.
11. Les projets miniers et énergétiques ne doivent pas faire obstacle à l’atteinte de la cible de protection de 30 % des territoires terrestres d’ici 2030 ni se développer au détriment des milieux de vie.
Tarification
12. La tarification doit décourager la surconsommation d’énergie et favoriser l’aplanissement des pointes de demande d’électricité en hiver, mais respecter sans équivoque le principe d’abordabilité pour les ménages à revenus faibles ou modestes.
13. Les consommateurs d’énergies renouvelables ne doivent pas assumer les coûts du déclin des acteurs du secteur des énergies fossiles, comme le prévoit par exemple l’entente de biénergie Hydro-Québec – Énergir.
Chose certaine, il faut mettre fin à la fuite en avant d’une société qui carbure à la surproduction et à la surconsommation. Décider de l’avenir énergétique du Québec, c’est décider de l’avenir du Québec tout court.
Je vous remercie de votre attention.