3e dimanche du Carême – 3 mars 2024 – Un temps de liberté à retrouver
Les textes de ce dimanche nous montrent du brasse-camarade. Jésus n’y va pas de mains mortes en chassant les vendeurs du Temple. Je ne m’arrêterai pas ici à l’annonce de sa mort et de sa résurrection comme le texte en parle si bien. Je voudrais plutôt que nous prenions l’angle de l’extraordinaire cadeau qu’a fait Dieu à son peuple dans sa traversée du désert. Il en a fait un peuple de femmes et d’hommes libres.
Dieu rappelle à Moïse son action libératrice comme on peut le lire dans le livre de l’Exode : « Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte. » Je SUIS celui qui a tout fait pour que chacun soit libre, libre de penser, libre de créer, libre d’aimer. Et pour nous aider, dans ce même désert, Dieu a remis les tables de la loi. Mais quelle loi ? Une loi d’amour qui nous rappelle d’aimer les autres, de respecter les étrangers, de prendre du temps pour Dieu… Pas un livre de préceptes figés et obligatoires ! Une loi d’amour, comme le redira Jésus dans son parcours terrestre. Je suis ton Dieu, il n’y en a pas d’autres. Alors, de quelles idoles devons-nous nous libérer encore aujourd’hui ? Qu’est-ce qui nous empêche de vivre debout en toute simplicité ? Osons donc de continuer à marcher dans le désert pour laisser de la place à une créativité nouvelle qui nous permettra de prendre soin de nous, des autres et de notre mère la terre. Et Dieu sourira à la vie et sera au rendez-vous de ces instants d’intimité amoureuse que nous prendrons le temps de vivre avec lui.
Saint Paul nous rappelle une vérité fondamentale : « Nous proclamons un Messie crucifié. » Non pas une superpuissance, mais un messie qui est allé au bout de sa vie pour donner la vie et la donner en abondance. Un messie qui a eu l’audace de nous redire de cesser « de faire de la maison de mon Père une maison de commerce. » Qu’en est-il dans nos vies ? Si nous suivons l’actualité de nos pays, surtout de nos chefs d’état, une seule chose compte : la rentabilité économique et la croissance économique. Nous avons fait de notre terre, temple de Dieu pour aujourd’hui, un lieu de commerce où la valeur humaine est calculée en profit. Alors, on ouvre des usines sans vérifier les impacts sur l’environnement, on ne se préoccupe pas trop que des femmes et des hommes vivent dans la rue, on choisit les plus fragiles (ici au Québec les réfugiés) pour leur faire porter tous les maux de manque de logements et de perte d’influence de la langue française… et je pourrais continuer la liste ainsi. Jésus renverse ces tables du commerce et nous rappelle que « l’amour de ta maison fera mon tourment ».
Alors, en ce désert que nous faisons refleurir, posons cette semaine des gestes audacieux de liberté retrouvée et de créativité solidaire ! Soyons des amoureux du temple de Dieu, une terre à protéger et des humains à prendre soin ! Osons encore nous libérer de ce qui nous étouffe et tue la vie, renversons ces tables de la suffisance pour retrouver les routes de la simplicité, du nécessaire et de l’essentiel.
Jean-Marc St-Jacques c.s.v.
Responsable général