4e dimanche du Carême – Osons la miséricorde !

Ce dimanche, nous sommes invités à entrer dans la belle histoire du fils prodigue (Luc 15,1-3.11-32). Un fils demande sa part d’héritage et prend les routes du monde. L’évangéliste a la délicatesse de ne pas préciser la « vie de désordre » du fils parti pendant que l’autre sert toujours au domaine de son père. Mais voilà qu’au fond de sa misère, ce cher fils se rappelle qu’il a un père qui pourrait le prendre comme employé, voire esclave, du moment qu’il lui donne à manger. Il refait la route inverse et rentre chez son père qui l’accueille par une grande fête. De quoi faire enrager le bon fils rester à la maison ! Mais, en aucun temps, il est dit que le père était heureux de ce que son fils avait fait, il est dit qu’il est dans la joie de le retrouver. Et là, nous fêtons : vive la miséricorde, tout est beau qui finit bien comme dans un bon film américain.

Mais, regardons de plus près. Sommes-nous si prêts que cela à vivre le pardon et la miséricorde quand…
• un pays est agressé militairement par un voisin aux visées impérialistes ?
• des écoles, des garderies, des hôpitaux sont bombardés ?
• des femmes servent de monnaie d’échange dans des conflits ?
• des femmes sont victimes d’un système de traite mondial ?
• des enfants sont exploités sexuellement ?
• des jeunes sont victimes d’intimidation et de violence ?
• des attaques détruisent des villages au nom d’une vision de la religion ?
• des appauvris n’ont pas accès à un logement décent, à des soins de santé adéquat ?
• des systèmes d’éducation ne scolarisent pas adéquatement, voire pas du tout, un grand nombre de jeunes ?
• le pseudo-gouvernement d’un pays laisse impunis des groupes armés qui rançonnent la société ?
• …

Regardons vraiment autour de nous ! La miséricorde dit simplement : avoir un cœur sensible à la misère. Sommes-nous de ces personnes prêtes à oser aller vers les gens blessés par la vie ? Sommes-nous de ces personnes prêtes à revendiquer un peu plus de justice ? Sommes-nous de ces personnes qui, en toute simplicité, ouvrent les bras pour accueillir l’autre en recherche de tendresse, de paix, de reconnaissance de la dignité ? Aimons-nous assez la vie pour oser inviter à se relever, à marcher, à aimer, à servir ?

Oui, la miséricorde est beaucoup plus qu’une belle histoire à l’eau de rose. Elle est exigeante, elle demande un retournement complet de notre manière d’être et de voir. Elle fait confiance, elle ouvre un avenir. Demandons la force d’oser la miséricorde… malgré tout ! Bonne marche !

Jean-Marc St-Jacques, c.s.v.
Responsable général

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