Dans le texte de l’Exode (20,1-17), Dieu n’y va pas par quatre chemins. Je suis le Seigneur ton Dieu. Je suis celui qui t’a fait sortir de l’esclavage. Souviens-toi… Et il présente de grandes exigences de la vie, une vie voulue en harmonie avec le Créateur, avec nous tous et avec notre planète. Saint Paul (I Cor 1, 22-25) ne nous offre pas une voie pavée d’or pour vivre heureux : nous proclamons un Messie crucifié, affirme-t-il avec sa fougue habituelle. Quant à Jésus (Jean 2,13-25), avant de parler de sa mort et de sa résurrection, il fait le grand ménage dans le temple, renversant les tables de tous ces commerçants qui s’enrichissent sur le dos des pèlerins en recherche de liberté, de miséricorde et de salut.
Vraiment, ce dimanche, la Parole de Dieu nous interpelle avec force : nous ne sommes pas appelés à la facilité. Nous devons radicalement revoir notre manière de vivre, nos habitudes et nos attitudes. Radicalement veut dire à la racine même de ce que nous sommes. Dans un monde angoissé, le nôtre, comment allons-nous oser une parole pleine de fraîcheur pour tous les assoiffés de justice et de paix ? Comment allons-nous partager notre pain à tous ces affamés de tendresse et de dignité ? Comment allons-nous démolir tous ces temples construits au fil du temps, temple de l’incompréhension, temple de la division, temple des purs, temples des vérités absolues, etc. ? Jésus a eu l’audace de dire que ce temple sera démoli et qu’une vie nouvelle en surgira.
Les temps actuels nous appellent à démolir des attitudes qui détruisent la vie, à questionner des systèmes sociaux et économiques (et peut-être aussi religieux) qui briment les droits fondamentaux et empêchent trop d’humains d’avoir accès aux biens de la terre, cette maison commune offerte à tous et toutes. Au risque d’être « crucifiés » par le discours de plus en plus unique de nos sociétés, osons donc une parole et des gestes qui remettent en cause l’ordre établi pour le mieux-être d’une minorité. Osons entendre la voix des appauvris et laissons-nous imprégner de leur appel à un monde différent. Osons être présents, réellement présents aux autres, laissant de côté nos idées préconçues, n’étant pas toujours branchés sur nos bidules électroniques, faisant place à des visions autres du monde… Et encore une fois, osons la vie, aimons la vie et servons la vie !
Jean-Marc St-Jacques, c.s.v.
Responsable général SPV